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LOU LI KEÏ

 - (carnets de souvenirs) -


Cette année devait être la sienne, l'année de tout les possibles, l'excitation d’être le grand dans la cour de récré, les dernières kermesses et la possibilité d'un grand voyage scolaire aussi.

Le dernier regard qu’on aurait jeté lui et nous sur toutes ces choses qu’on laisse tout simplement car on grandit. Qui nous abandonnent petit à petit. Et qui troublent aussi beaucoup parfois.

Comme son enfance qui s'envole, comme les dernières fois à pied sur le chemin de l'école.

Les dernières mains dans la main, les bisous devant l'école, les derniers regards par derrière pour s'assurer que je suis toujours là. Comme le bruit de ses pas sur les graviers, ses fiertés de cours de récré, le basket, ses grandes réussites, ses fêtes d'anniversaire et tous les amis. Les nouveaux, les anciens.

Les dernières fois ou il désire dormir à nos côtés, se réveiller et s'apaiser avec nous. Les portes ouvertes qui doucement se ferment ou toquer avant d'entrer devient nécessaire, les derniers rituels et rires sous la couette, à deux, trois ou tous les cinq. Les secrets que je ne dois pas connaître et les premiers émois.

Bien sûr qu’il ne me quitte pas tout de suite, bien sûr que tout cela laissera la place à d'autres belles histoires à nos côtés et qu'il reste mon tout petit.

Mais rien ne se remplace, quand ces instants ne sont plus... ils deviennent alors des souvenirs. Comme lorsque tombe la pluie qui efface tout.

Ces riens qu’on a mis des années à bâtir s'estompent pour autre chose.

Ces bouts de tendresse à garder, chérir parce qu'ils n'existeront plus jamais.

C'est fou de se dire qu'on a rien vu venir. De se dire qu'on jette un dernier regard sur toutes ces choses qu'on aime, qu'on a aimé et rêver tellement fort et qui à force se sont envolées.

Leurs vies m'ont traversé comme dans les contes d'enfants. Fugaces.

Ses rires, son impétuosité, sa force, sa maladresse, son envie de liberté, ses petits blessures qui laissent des traces sous le menton, sur la dentition ou sur le corps comme autant de marqueurs temporels pour qu'il n'oublie pas qui il a été.

Sa vie, nos vies, notre vie en un éclair, en un éclat, sans mots et en milles mots, sans images et dans une fresque fabuleuse.

J'ai aimé ces instants à m'en arracher le coeur, si fort. Je n'en regrette pas une seconde. Rien. Et c'est presque trop fou de se dire que c'est déjà demain, que ce jour était là. Tangible, subtil, délicat et au creux de ma main et qu'il m'échappe déjà. Oui cet enfant là aussi aussi la vie me le reprend. J'en pleure un peu même si je ne devrai pas.

Je le vois déjà courir la tête en avant vers ce dernier été, celui avant l'inconnu... un été encore rien qu'à moi encore un tout petit peu. Avant cet automne flamboyant certes par ses couleurs mais dénué de saveurs qui laissera certainement un goût amer comme les mois que l'on a égrené. En avant mon tout petit, l'adolescence t'appartient.


Aux humains qui se déchirent encore, pour des dogmes, des idées, des mémoires, une histoire, des cultures, des couleurs de peau, des attirances...

J'aimerai leur dire... Que cette bataille d’ego n’en vaut pas la peine.

Qu'elle n'efface rien, qu'elle ne remplacera rien, qu'elle divisera toujours plus. Elle endoctrinera des générations d'âmes à la recherche d'identités. Que la folie des uns n'est pas l'apanage de tous. Que se lever pour de belles causes en silence ou en solitaire est tout autant respectable et plus encore que l'affrontement. Que la violence ou la peur prend la forme que souhaite les puissants, qu'elle asservie et dessert des nations entières.

L'histoire se répète et n'évolue pas.

Je n'arrive pas à me sentir traversée, percutée de plein fouet par ces mouvements de foule, par l'engouement de haine. Je ne me sens pas fautive d'un passé que je ne maîtrise pas. Ce combat n'est pas le mien. L'animosité ne m'embrase pas. Ni blanche, ni noire, universelle, humaine. Enfant du monde.

J’ai grandi sans misanthropie ni répugnance de l'autre, sans jugement. Libre. J'ai pris tant de coups, j'ai failli tourner l'arme à gauche, plus d'une fois, mais je ne me suis jamais vengée, j'ai avancé en regardant droit devant. Au final ne compte que ce que nous sommes, nous mourrons comme nous sommes nés... seuls quoi qu'il arrive et rien n'y changera.

A ces humains qui se crachent leur mépris en pleine face et bien plus que de la violence des mots et des maux dont ils souffrent. Je souhaiterai leur souffler qu'être meurtri par sa propre histoire ne justifie pas de se défouler sur l'autre. Nous ne sommes justicier de rien, ni d'une histoire qui ne nous appartient pas, ni d'une culture que nous ne partageons pas.

La disproportion réactionnelle et émotionnelle sur autrui les rassure peut être mais elle meurtrie plus qu'autre chose. A défaut de pouvoir le faire sur ceux qui leur ont un jour fait du mal, ils la reporte sur les faibles.

Et plus le temps passe, plus la vie nous touche, nous écaille, nous brise, nous malmène, nous secoue... nous vivons tous à notre manière des dégâts qui ne disparaîtront jamais. Sachons juste en faire une force et pas une faiblesse.

Perdre un temps précieux à se battre pour devenir le sauveur des âmes perdues, tristes, esseulées, impuissantes ou violentes, est une idée stérile, vaine. Elle élève l'inculte et la vacuité et rabaisse l'esprit.

Nous sommes tous responsables de ce que l’on est maintenant et aujourd'hui et libre de choisir celui que l’on veut être.



Les mois d’étés reviennent avec leur lot de marqueurs temporels. La fin d’un cycle, le début d’un autre. Les étés se ressemblent sans jamais être tout à fait les même. Surtout et encore plus cette année.

Le soleil dessine sur le bitume chaud les ombres dansantes de feuilles des arbres

La chaleur commence à nous écraser, jours et nuits.

Le ciel est clair, brumeux de chaleur et trouble à la fois. L'orage n'est jamais loin et ses déluges d'eau. Les moustiques non plus.

On achète à nouveau des glaces aux enfants, pour ne pas trop changer leurs habitudes. Pour que l'on continue à y croire. A vivre. On trouve même des cornets en forme de fleurs cette année.

Les fruits dégoulinent sur leurs doigts, on rêve de melons, de pastèques, de fraises des bois. Des salade de rêves.

On sort les petites tenues, les maillots de bain. Pour apprécier la brise sur sa nuque, le clapotis de l'eau, les rideaux qui volent.

Les lumières jouent dans la maison, sur les murs, les draps blancs, les courbes de leurs corps. Le soleil tourne autour de la maison toute la journée, il danse et il caramélise leurs peaux, laissant une trace de poésie estivale.

L'été c'est ça, le temps encore plus ralenti, les grillons qui stridulent, le vent chaud et l'âme à fleur de peau. Et puis la plage, peut-être un peu aussi, la liberté d'y aller. Cette liberté que l'on avait oublié et rangé dans un tiroir.

Rien ne compte plus que la liberté, toujours et l'ivresse qu'elle offre et qui ne s'achète pas.


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L E S L Y   .   P F E I F F E R

- maman et illustratrice - 

 

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