Elle
Elle. Il me reste des fragments d'ailes. D'elle. Qui me voilent parfois le regard.
Pourtant, non, elle ne me manque plus. Mais elle reste des miettes d'un moi, d'une vie, d'une enfant à laquelle je repense avec tendresse. Une tendresse sereine.
Mon enfance, mon adolescence, comme des poussières de lumières flottant dans un rayon de ma vie.
Parfois je repense à elle. Avant qu'elle ne change, avant qu'elle ne perde sa route, avant qu'elle n'omette, se soumette ou se transforme pour les autres.
L'impression d'avoir été si proches et finalement si distantes. De ne s'être jamais comprises. Jamais écoutées. Un horizon entre nous et rien pour le rapprocher.
Parfois dans mes rêves je la recroise, tentant toujours de saisir le fond de sa pensée, de comprendre certaines attitudes, chercher des perspectives, des failles dans le labyrinthe... toujours sans succès.
Parfois on parle d'elle, sans faire son procès. On se pose des questions révolues. Le pardon parfois n'est pas une issue, ni les raccourcis qui y mènent.
Parfois je me dis qu'on a décidé de rester comme ça elle et moi. Pour toujours dans ce quelque-part. Cet entre-deux mondes, qui est désormais un bout de mon passé, de ma vie. Celle d'avant, avec elle.
Et j'ai décidé de la laisser là ou elle a souhaité rester, loin. Vague. Comme un souvenir.