Les voyages de ma vie

Il y a d'abord eu ces voyages, ces lieux, ces rivages et les visages qui émeuvent et font jaillir des émotions. Ces ivresses qui donnent le vertige, des frissons. Qui nous ramènent à des vies passées, vécues ici par d'autres, par nous-mêmes, par nos âmes. Rome, Bhaktapur, Dharamsala.

Il y a ces harmonies ressenties, universelles, non rationnelles, intuitives.

Ces grands humains rencontrés qui m'ont guidé ou tenus par la main. Le miracle du Karmapa. Ces regards incroyables, ces sourires, ces colères et parfois tant de haine que tu aimerai comprendre. L'immensité face à l'incroyablement petit.

Il y a ces voyages que je ne m'explique pas, que j'ai trouvé beau dans leur simplicité. Et d'autres simples dans leurs immensités. Les papillons dans le cœur toujours, l'amour égrené aux quatre coins du monde et les amants voyageurs.

Il y a ces discours, ces photographies, qui touchent. Forcément, l'émotion est démesurée face à la beauté, à l'inconnu, à l'exode.

Il y a ces pèlerinages lumineux, aux horizons sans fin, aux ciels si purs ou nos yeux se perdent autant que nos âmes. Ces moments de grande sagesse, d'infini pudeur et de respect. Ces pas sur le toit du monde ou sur les mers à frôler la puissance de l'eau. Ces sons qui te bercent encore, qui résonnent, l'ivresse d'Amristar, la délicatesse du Sri Dalada Maligawa. Kandy, Vietnam mon amour.

Il y a ces liens que l'on tisse, ces moments de rencontres, un peu hors du temps. Ces amis de pérégrinations, qui cheminent à vos côtés un temps. Un tant soit peu pour transmettre, partager, se confier, se raconter, s'ouvrir. Puis qui disparaissent avec les souvenirs.

Il y a ces odyssées de l'intuition, qui se passent à l'intérieur, presque comme un cheminement, une voie. Qu'on ne peut rationaliser.

Il y a mon voyage, celui de mon âme, de mon corps qui l'accompagne, de mes yeux et de leurs cils qui me frôlent. Mes années qui glissent, la flamme d'une bougie que j'insuffle, une de plus pour la route. Une de plus pour chaque sentier que j'arpente, chaque porte que j'ouvre. Pas à pas.

Plus jeune, mon grand souffle d'air, c'était les voyages, mes voyages, nos voyages. Et maintenant rien n'a changé.